Chemins du patrimoine
De l’église Saint-Lambert de Vagney à la chapelle Saint-Del de Gerbamont
Ce chemin s’inscrit dans une tradition de randonnées et de pèlerinages locaux, où chaque étape est l’occasion de se connecter à l’histoire et à la beauté de nos montagnes. Nous proposons de faire de cette marche une démarche, en écoute et résonance avec la beauté de nos paysages et de leurs récits
Distance totale : 10,6 km
Altitude : 406 à 618 m

Départ devant le parvis de l'église Saint-Lambert de Vagney
En apprendre plus sur l’église Saint Lambert
Au cours des siècles, l’église de Vagney a connu de nombreuses transformations. Elle est placée sous la protection de Saint-Lambert. De cette église, nous avons choisi de mettre en lumière son orgue et le tableau du Rosaire. Un très bel orgue tout en chêne dont la fabrication remonterait au XVIIIè siècle. Il semblerait que cet orgue soit le seul qui ait conservé une quantité importante de tuyauterie ancienne, avec celui de Champ-le-Duc. Il aurait été transformé en 1900 par Henri Didier puis remis en état par la maison Jacquot- Lavergne, après les bombardements de 1944. C’est en 1995 qu’il sera entièrement démonté puis remonté pièce par pièce par la Manufacture Vosgienne des Grandes Orgues à Rambervillers. En vous dirigeant vers le chœur, vous pourrez aussi admirer sur votre gauche le très beau Tableau du Rosaire qui domine l’autel de la Vierge. Une œuvre non signée, probablement contemporaine de Poussin et du nancéien Claude Gelée. Ce tableau fut rénové en 1994 et classé monument historique.
Les vitraux ont été réalisés par les ateliers de Gabriel Loire, vitrailliste à renommée internationale lequel a également créé la grande verrière de Notre Dame du Cierge à Epinal
Saint Lambert, le patron de l’église de Vagney est né au 8ème siècle à Maastricht de parents nobles. Ses premières études achevées, son père le mit sous la Saint Lambert, le patron de l’église de Vagney est né au 8ème siècle à Maastricht de parents nobles. Ses premières études achevées, son père le mit sous la conduite de l’évêque dont il devint ensuite le successeur. Mais bientôt une révolution le fit chasser de son siège. Il se retira alors dans le monastère de Stavelo. Quand il put revenir à Maastricht après sept années d’exil, il reprit ses fonctions épiscopales jusqu’à ce qu’il mourût assassiné vers l’an 708.

1. La Roche du Mettey
Le terme Mettey précédemment Mette serait probablement à rapprocher du terme patois Moté, signifiant église. Mais il évoque peut-être aussi le souvenir de quelque autel élevé par les garnisons romaines de l’Habend en l’honneur de Mars, dieu de la guerre ? Les moines du 7ème siècle ont en tout cas transformé ces lieux de garnison romaine en un endroit de veille et de prière. Le Mont Habend devient le Saint Mont, présent à l’horizon de nos plus beaux points de vue. C’est vers 620 que St Amé et St Romaric fondent un monastère dont la caractéristique est la prière continuelle. Sept groupes de douze moniales se relayent pour assurer en permanence, jour et nuit, une prière continue. Le monastère compte alors 84 religieuses au moins. En 818 elles quittent le Saint Mont pour s’installer sur la rive gauche de la Moselle à l’emplacement de l’église actuelle de Remiremont. Des communautés de religieux leur succèdent au cours du temps. En 1776 on compte une dizaine de moines bénédictins. Les fidèles assistent régulièrement aux offices religieux dans l’église du monastère. Tout au long de l’année, les chapelles situées sur les pentes du sommet, font l’objet de nombreux pèlerinages. Pendant la révolution les moines sont chassés de leur monastère et les 1500 livres de leur bibliothèque confisqués. On les trouve aujourd’hui aux archives municipales de Remiremont. La maison du Saint Mont passe ensuite entre les mains de divers propriétaires privés successifs. La famille Galmiche en est la dernière. En 1857 elle a fait reconstruire la chapelle actuelle. Toutes les autres ayant été détruites. En 2012 les héritiers font don de leur propriété à la commune de St Amé pour « gérer l’entretien de cette montagne-souvenir comme un bien public et non comme un bien privé ».
Voici une prière chantée et récitée par les moines et les moniales du Saint Mont :
C’est le psaume 120
Je lève les yeux vers les montagnes : d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Qu’il empêche ton pied de glisser, qu’il ne dorme pas, ton gardien.
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël.
Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi.
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune, durant la nuit.
Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie.
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais.

2. Le Pain de Sucre
La Roche tiendrait son nom du Mont Pain de Sucre à Rio à cause de sa forme ressemblante.
Depuis le Pain de Sucre on a un point du vue sur le village de Sapois dont le nom est attesté sous différentes formes depuis le 14ème siècle : Sappoy ou Sapy par exemple, qui désignent tous une plantation de sapins. Sapois est une sapaie mot remplacé en français actuel par sapinière.
Le village de Sapois s’étend sur 16,89 km² et compte environ 630 habitants, appelés les Sapoisiens et Sapoisiennes. Il est divisé en deux parties, le Haut et le Bas-Sapois, situés à une altitude comprise entre 423 et 1 006 mètres. Il compte de nombreux cours d’eau, comme le Bouchot et le Menaurupt..
La mairie et l’école ont été construites en 1840.
Par une nuit de pleine lune, lorsque les sapins semblaient dormir, Je me suis installée dans la sapinière. J’ai d’abord écouté le vent murmurer ses secrets, dans les aiguillettes des petits, Il susurrait doucement, presque tendrement. Puis le zéphyr s’est envolé vers les grands sapins, les balançant sur leur tronc maigre. L’énergie du vent se transmettait des uns aux autres, tous chantaient, et l’harmonie des sons me ravissait. Dans la sapinière, La musique du vent entraînait tous les sapins, qui se mirent à danser, détachés du sol, libres, Tout bougeait, tout vibrait, Ils dansaient, leurs racines hors de la terre, les suivaient comme des chevelures blondes. Lorsque le vent s’est calmé, il m’a réveillée. D’après un poème de Colibri

3.Le balcon du Mettey
Depuis le Mettey on a un beau point de vue sur la petite ville de Vagney. Les premières traces d’occupation humaine du ban de Vagney remontent à l’époque préhistorique ainsi que témoignent des pierres levées et des lames grattoirs en pierre trouvées près de Contrexard. Le nom de Vagney serait dérivé d’un terme latin qui désigne une terre marécageuse. Dans un cahier de Doléances datant de 1789 on lit : « que le territoire du ban est sablonneux, hérissé de montagnes stériles, exposé aux intempéries. Il ne doit ses productions qu’à un travail opiniâtre, à d’abondants engrais ». Les habitants se nomment les Voinrauds.
L’industrialisation au XIX siècle transforme le bourg agricole. La commune devient un centre d’activités artisanales, notamment dans le textile. On construit l’hôtel de ville, une école des filles, une gare avec l’ouverture des Chemins de fer en 1879. L’industrie du textile et du bâtiment ainsi que celle du granit occupent la plus grande partie de la population active
Le XXe siècle est marqué par les deux guerres mondiales, qui touchent profondément la région.
Aujourd’hui, le tourisme joue un rôle essentiel dans l’économie locale, attirant des visiteurs en quête de nature, de tranquillité et d’authenticité.

4. La chapelle Saint-Del
En aprendre plus sur la chapelle Saint-Del
Son architecture extérieure sobre contraste avec la richesse de son intérieur, notamment un autel en grès orné de bois sculpté et un retable remarquable, tous deux classés monuments historiques en 1993.

Bien que habituellement fermée au public, elle reste un lieu de rassemblement exceptionnel, où la messe n’est célébrée que deux fois par an, donnant à chaque office un caractère joyeux et mémoriel.
Des concerts y ont lieu en été.
Prière à Saint Del
Saint Del, guide mes pas fatigués,
Toi qui as marché sans relâche, jusqu’à l’épuisement,
Inspire moi la force de continuer et de tracer les chemins de vie.
Quand, de faiblesse, tu as été forcé de t’arrêter et que tu as perdu tes compagnons en cours de route, tu ne t’es pas découragé. Tu as donné un nouveau sens à ta voie, tu as frayé une nouvelle voie de prière.
Devant cette petite chapelle érigée en ta mémoire, je demande la simple lumière sur mes pas d’aujourd’hui. Que je sois éclairé dans les décisions que j’ai à prendre chaque jour. Saint Del prie pour moi.

5. Le saut du Bouchot
En apprendre plus sur le saut du Bouchot

Comme beaucoup de sites naturels vosgiens, le Saut du Bouchot est entouré de légendes. L’une d’elles raconte qu’une jeune femme, prisonnière d’un chevalier cruel, aurait tenté de s’échapper en sautant du haut de la cascade, disparaissant à jamais dans les eaux tumultueuses. Certains promeneurs affirment entendre des murmures ou apercevoir une silhouette blanche dans la brume, ajoutant une touche de mystère au lieu.
Au fil des siècles, la force hydraulique du Bouchot a été exploitée pour alimenter moulins, scieries et, plus tard, l’industrie textile locale. Ce passé industriel a marqué le paysage et l’économie de la vallée, même si aujourd’hui, le site est avant tout un espace de nature préservée et de loisirs
Ô Source éternelle,
Toi qui jaillis des hauteurs,
Laisse-moi contempler la pureté de tes eaux,
Comme la cascade se donne sans compter,
Apprends-moi à offrir, moi aussi,
Sans retenue et dans la joie,
Ce que j’ai de meilleur à partager.
Renouvelle en moi l’espérance,
Merci pour ce spectacle de vie,
Pour cette force qui ne s’arrête jamais,
Et pour la paix que tu verses dans mon âme.

Arrivée devant l'église et sur la Place Paul Caritey
Paul Caritey demeure une figure emblématique de la Résistance dans les Vosges, et plus particulièrement à Vagney, où son nom est aujourd’hui gravé dans la mémoire collective et sur la place centrale du village.
Paul Caritey rejoint le maquis de la Piquante-Pierre, l’un des foyers actifs de la Résistance, où il prend des responsabilités de commandement en tant que lieutenant FFI. Dans un contexte de répression, de privations et de peur, il incarne l’espoir de la libération pour de nombreux habitants de Vagney et des environs.
Le 16 septembre 1944, alors que la débâcle allemande s’accélère face à l’avancée des troupes alliées, Paul Caritey est assassiné devant la boulangerie Heitzler, en plein centre de Vagney.
Son exécution est brutale : il est abattu de plusieurs balles, son corps traîné à l’extérieur et exposé à la vue de tous, gardé par des soldats allemands. Ce geste vise à terroriser la population et à faire de Paul Caritey un exemple, marquant durablement les esprits.
L’assassinat du lieutenant Caritey s’inscrit dans une série de répressions sanglantes contre les résistants locaux, dont beaucoup périront dans les jours suivants.
Des commémorations et reconstitutions historiques, souvent empreintes d’émotion, rappellent chaque année son sacrifice et l’importance de transmettre cette page sombre mais essentielle de l’histoire locale.