L’Économie du Salut : le plan divin pour l’humanité

4 avril 2025 | Enseignements

« Le salut est un pont jeté entre le ciel et la terre, et l’amour en est la seule arche. » — Victor Hugo

Une vision étonnante et universelle du salut

Portrait du Père Piotr Wilk, paroisse Ban de VagneyL’économie du salut est une notion théologique centrale qui désigne le plan de Dieu pour sauver l’humanité et lui redonner part à sa vie divine. Le terme économie vient du mot grec oikonomia qui signifie « gestion de la maison ». En théologie, ce mot a été repris pour évoquer la manière dont Dieu administre le salut, guidant le monde selon son projet d’amour. Ce projet, qui s’inscrit dans le temps et l’histoire, ne va pas de soi : il repose sur des choix divins surprenants et une pédagogie patiente.
Le Pape Jean-Paul II écrivait : « L’économie du salut est profondément marquée par la logique de l’amour : Dieu ne cesse de se donner et d’inviter l’homme à répondre librement ». Il ne s’agit donc pas d’une gestion froide ou comptable, mais d’une divine extravagance où chaque âme compte infiniment. Benoît XVI disait : « L’économie du salut, c’est l’amour de Dieu devenu histoire, une histoire qui nous concerne personnellement.
Dès l’Ancien Testament, Dieu s’est choisi un peuple particulier, Israël, pour établir une alliance et manifester sa volonté de salut. Cependant, cette élection ne visait pas l’exclusion des autres peuples, mais leur inclusion progressive. La vocation d’Israël était universelle, comme le montre la promesse faite à Abraham : « Par toi seront bénis tous les peuples de la terre » (Gn 12, 3). Ce fil rouge traverse toute l’histoire biblique, depuis la bénédiction originelle donnée à Adam (Gn 1, 28), jusqu’à son accomplissement en Jésus-Christ, le « fruit béni » du « sein béni » de Marie.

Jésus-Christ, au cœur du dessein de Dieu

Le cœur de l’économie du salut, c’est l’incarnation de Dieu en la personne de Jésus-Christ. Le Verbe, déjà manifesté dans les théophanies de l’Ancien Testament, se dévoile pleinement dans le Christ. Sa venue dans le monde est l’élément central du plan divin : en prenant notre humanité, Jésus ouvre la voie de la réconciliation entre Dieu et les hommes.
Cependant, cette œuvre de salut passe par un acte extrême de violence : la crucifixion. La mort et la résurrection du Christ forment le socle de la foi chrétienne. Si la Passion montre la brutalité du monde, la résurrection proclame la victoire de la vie et l’espérance de la paix. Après sa résurrection, Jésus apparaît à ses disciples en leur disant : « La paix soit avec vous » — une manière de sceller son plan de salut par la promesse de paix.
Saint Augustin écrivait : « Dieu, qui t’a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi ». Cette phrase célèbre rappelle que le salut, tout en étant un don gratuit de Dieu, implique la réponse libre de chaque personne.

Une dynamique communautaire du salut

Enfin, l’économie du salut est fondamentalement communautaire. Comme l’affirme Laudato Si’ (n° 13) : « Personne ne se sauve tout seul, il n’est possible que de se sauver ensemble ». Le salut chrétien n’est pas un chemin solitaire : il engage l’ensemble du Corps du Christ, l’Église, à témoigner de l’amour de Dieu et à bâtir une « maison commune ».
Le Synode de 2023 a ainsi rappelé l’importance de marcher ensemble sous la conduite de l’Esprit, pour rendre visible cette économie divine où se conjuguent, parfois paradoxalement, la violence du monde et la promesse de paix.
Comme le disait Charles Péguy : « L’espérance est une mémoire qui désire ». Cette espérance, enracinée dans le souvenir des œuvres de Dieu et tendue vers leur accomplissement final, nous pousse à avancer ensemble, unis dans la foi et l’amour.
Saint Jean Chrysostome écrivait : « L’Église est ton espérance, l’Église est ton salut, l’Église est ton refuge », soulignant le rôle de la communauté ecclésiale dans la réalisation du salut divin.

Conclusion

Alors oui, si l’on veut voir l’économie du salut avec un brin d’humour, on pourrait dire que Dieu est le seul « gestionnaire » dont le budget est infini et qui dépense sans compter… mais toujours dans une seule monnaie : l’amour. Pas besoin d’austérité divine, son plan est d’une générosité sans limites !
En somme, comprendre l’économie du salut, c’est contempler la manière dont Dieu agit dans l’histoire et dans nos vies, pour que, sauvés ensemble, nous participions à sa vie trinitaire.
Toutefois chantons déjà : Alléluia ! Père Piotr K. WILK

 

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