Accueillir-partager-écouter- Le triple chemin de l’hospitalité

20 juillet 2025 | Homélies du Père Piotr

Homélie pour le 16ème dimanche, Année C

Frères et sœurs,

Ce matin, une image s’impose à nous : celle d’une porte entrouverte.
Celle d’Abraham, au seuil de sa tente, en plein désert, aux heures brûlantes du jour.
Celle de Marthe, grande ouverte à Jésus et à ses disciples.
Et puis, plus secrètement, celle du cœur de Marie, entrouvert dans le silence, prêt à recevoir.

Dieu ne force jamais les portes. Il passe. Il attend. Comme sous les chênes de Mambré. Et il espère qu’un mot l’invite : « Mon Seigneur, je t’en prie, ne passe pas sans t’arrêter chez ton serviteur. » (Gn 18,3)

1. Accueillir comme Abraham – l’hospitalité du cœur

Abraham ne voit pas trois inconnus, mais entrevoit une présence mystérieuse.
Alors il se lève, il court, il fait tuer le veau gras, pétrir le pain, dresser une table d’abondance.
Il n’attend rien. Il donne. Et c’est là, dans cet excès de générosité, que jaillit la promesse : « L’an prochain, ta femme Sara aura un fils. » L’accueil, quand il est gratuit, ouvre le futur.

« La tendresse est le repos du monde », écrivait Christian Bobin.
Et cette tendresse, Abraham en est le prophète.

2. Partager comme Marthe – un service qui respire

Marthe aussi accueille. Elle veut bien faire. Elle s’agite, elle s’épuise.
Et finit par reprocher à sa sœur de ne rien faire.
Jésus l’écoute, sans la juger, et l’invite doucement à retrouver le calme : « Tu te donnes du souci pour bien des choses… » Le service, pour être vrai, doit rester paisible. Sans cela, il devient une charge au lieu d’être un don. Mère Teresa disait avec justesse : « Ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on donne, mais l’amour avec lequel on donne. »                                                                  

Le service n’est pas une performance, mais une offrande de soi, avec paix et simplicité.

3. Écouter comme Marie – la place de l’essentiel

Marie ne bouge pas. Elle ne prépare rien. Elle ne parle pas. Elle écoute.
Et Jésus affirme : « Elle a choisi la meilleure part. Elle ne lui sera pas enlevée. » Dans un monde qui va vite, où l’on ne sait plus écouter sans interrompre, où les écrans parlent plus fort que les voix intérieures, l’attitude de Marie est un acte de résistance douce. Le poète Khalil Gibran disait : « Lorsque tu écoutes, écoute avec ton cœur. Le cœur est le seul instrument qui ne ment pas. »

Écouter, c’est se rendre disponible à l’autre, c’est faire place à Dieu, dans le silence et la confiance.

Conclusion : habiter la promesse

Accueillir. Partager. Écouter. Trois gestes simples. Trois chemins de sainteté quotidienne.

Abraham nous rappelle que même aux heures les plus chaudes du jour,       il faut garder la tente entrouverte.
Marthe nous enseigne que le service devient prière s’il naît dans la paix.
Et Marie nous montre que le silence habité est parfois le plus grand acte d’amour.

Frères et sœurs, notre monde a faim. Faim de lieux où l’on se sent attendu, reconnu, écouté.
Nos maisons, nos paroisses, nos cœurs peuvent devenir ces abris discrets si nous offrons un peu de temps, un peu de pain, un peu de présence. Et alors, comme pour Abraham, Dieu s’arrêtera. Il fera sa demeure chez nous.

« L’homme ne peut pleinement se trouver que par le don sincère de lui-même. »
(
Saint Jean-Paul II, et Gaudium et Spes, n°24)

Voilà le secret de l’hospitalité évangélique : dans le don de soi, nous découvrons notre vocation la plus profonde.
Tu deviendras, à ton tour, père, mère, frère, sœur, lumière pour d’autres.
Et Dieu habitera chez toi.

Amen.

 Prière

Seigneur,
Toi qui frappes sans jamais forcer,
entre si je t’ouvre,
demeure si je t’accueille,
parle si je me tais.

Apprends-moi à offrir sans compter,
à servir sans murmurer,
à écouter sans interrompre.
Que mon cœur soit une tente sous les chênes de Mambré,
où même l’étranger se sent attendu.

Fais de moi un veilleur d’hospitalité,
un frère sur le seuil,
un hôte pour ton passage.

Amen.

Conte de sagesse 

La cabane du vieux sage

Un pèlerin, usé par les routes et les épreuves, arriva au sommet d’une colline. Il y trouva une vieille cabane.
Il frappa. Un vieil homme l’accueillit avec un grand sourire.
— Entre, dit-il. Ce n’est pas grand, mais ce que j’ai est à toi. À l’intérieur : une lampe, une cruche d’eau, un peu de pain, une natte au sol.
Ils partagèrent ce qu’il y avait. Puis le pèlerin demanda :
— Mais… où sont tes meubles ? Tes affaires ?
Le vieil homme sourit et répondit :
— Et toi, où sont les tiens ?
— Moi ? Je ne fais que passer.
Moi aussi, je ne fais que passer, dit le sage.

Et dans le silence, le pèlerin comprit que le vrai trésor, c’est la paix d’un cœur libre, la richesse d’une âme qui accueille sans retenir.

 

 

 

Dans la catégorie Homélies du Père Piotr

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/89bd130b3c3a90dd166772ca25639da5/sites/paroisse-bandevagney.fr/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/89bd130b3c3a90dd166772ca25639da5/sites/paroisse-bandevagney.fr/wp-includes/functions.php on line 5471