Homélie le 26 octobre 2025 P. Piotr K. WILK
Le cri du pauvre traverse les nuées
« La prière du pauvre traverse les nuées » (Si 35, 15) Ce verset du livre de Ben Sira est bouleversant de simplicité : le pauvre n’a rien, il n’a même plus les mots… mais son cri, dépouillé de tout artifice, rejoint le cœur de Dieu.
Dans un monde saturé de bruit, d’injustices et de peur, cette parole nous rappelle que ce qui traverse les nuées, ce n’est pas la force, mais la foi.
Le Seigneur ne reste pas sourd. Il entend les larmes des peuples éprouvés, les prières des familles angoissées, les silences lourds de ceux qui ne savent plus comment prier. « Un pauvre crie, le Seigneur entend » (Ps 33)
La foi chrétienne, au fond, c’est cela : croire que notre cri n’est pas perdu dans le vide, qu’il existe une oreille divine qui écoute et un cœur qui répond.
Tenir bon : le combat du cœur
Saint Paul, à la fin de sa vie, écrit à Timothée : « J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. » (2 Tm 4,7)
Tenir bon, c’est d’abord cela : continuer à aimer, à espérer, à croire, malgré tout.
Dans un monde où la tentation du cynisme et du désespoir est forte, Paul nous invite à la fidélité humble.
Jean-Paul II disait dans Novo Millennio Ineunte : « Ce n’est pas le temps de se décourager. Le regard de la foi doit se faire plus pénétrant pour découvrir dans les ténèbres la présence d’une lumière. »
Cette lumière, c’est le Christ lui-même. Il ne nous épargne pas les tempêtes, mais il reste dans la barque.
L’humilité qui sauve
L’Évangile de Luc nous met face à deux prières : celle du pharisien et celle du publicain.
Le premier se glorifie de lui-même ; le second s’abandonne à la miséricorde : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! »
C’est cette prière-là que Jésus bénit. Celui qui s’abaisse sera élevé.
Voilà le secret pour tenir bon : demeurer dans la vérité de soi-même devant Dieu.
Pape François, dans Gaudete et Exsultate, nous rappelle : « L’humilité peut s’enraciner dans le cœur d’une personne à partir du moment où elle accepte d’être regardée avec amour par Dieu. »
Dans les temps perturbés, c’est l’humilité qui nous sauve de la colère, du jugement, de la dureté. Elle nous recentre sur l’essentiel : Dieu est là, fidèle.
La foi simple et moderne de Carlo Acutis
Le jeune bienheureux Carlo Acutis, mort à 15 ans, disait : « La tristesse, c’est le regard tourné vers soi ; le bonheur, c’est le regard tourné vers Dieu. »
Carlo, au cœur d’un monde numérique et instable, nous enseigne que la sainteté n’est pas un luxe, mais un choix quotidien de fidélité.
Il répétait souvent : « Tous naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies. »
Tenir bon aujourd’hui, c’est rester originalement soi-même, fidèle à l’Évangile, sans céder au conformisme ou au désespoir.
C’est vivre la foi dans la simplicité d’un cœur pur, en gardant confiance dans la bonté de Dieu, même au milieu des tempêtes.
L’espérance, dernière flamme
Dans Les Misérables, Victor Hugo écrit :« Même la nuit la plus sombre prendra fin et le soleil se lèvera. »
Et Bernanos, dans Journal d’un curé de campagne, ajoute : « L’espérance, c’est le désespoir surmonté. »
Ces mots rejoignent le cri du pauvre de Ben Sira, le courage de Paul et l’humilité du publicain.
Tenir bon, c’est laisser l’espérance devenir plus forte que la peur.
Conclusion : la couronne de la fidélité
Comme Paul, nous pourrons dire un jour : « J’ai gardé la foi. »
Dans ce monde troublé, Dieu cherche encore des priants, des doux, des humbles, ceux qui gardent le cap de la confiance.
Et c’est à eux qu’il promet « la couronne de la justice » — non pas un prix pour leurs mérites, mais le don de sa fidélité éternelle. Ainsi-soit-il. Amen
Parole à méditer cette semaine :
« Le Seigneur entend le cri du pauvre.
Il ne dédaigne pas son appel. »
(Ps 33)
« L’humilité est la voie de la paix dans un monde perturbé. »
(Pape François)
« La tristesse vient du regard tourné vers soi ; le bonheur du regard tourné vers Dieu. »
(Carlo Acutis)
