Garder les mains levées, croire quand tout semble vaciller

20 octobre 2025 | Homélies du Père Piotr

Homélie pour 29 ème dimanhe de l’Année C

mains en prièreFrères et sœurs,

La première image de ce dimanche, c’est celle de Moïse sur la colline, les bras levés vers le ciel, pendant que Josué combat dans la plaine. L’Écriture nous dit : « Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. »

Ce n’est pas seulement une scène de guerre. C’est une parabole de la foi.
Croire, c’est tenir les bras levés, même quand la fatigue gagne.

Et nous ?  Quand la vie devient lourde, quand la prière semble inutile,
tenons-nous encore les bras levés vers Dieu ?
Ou les laissons-nous retomber en disant : « À quoi bon ? »

1. La foi : un combat partagé

Moïse n’est pas seul. Aaron et Hour soutiennent ses bras.

La foi, elle aussi, se soutient à plusieurs. Il arrive que je n’aie plus la force de prier,
mais la prière d’un frère, d’une sœur, d’une Église entière me porte.

Nous sommes, les uns pour les autres, les bras d’espérance de Moïse.

Dans un monde où chacun veut se débrouiller seul, ce geste est révolutionnaire :
accepter d’être soutenu, accepter d’avoir besoin des autres.
C’est déjà une manière de croire ensemble.

 

2. « Le secours me viendra du Seigneur »

Le psaume le dit avec une simplicité désarmante : « Le secours me viendra du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre. »

Mais croyons-nous vraiment cela ? Combien de fois cherchons-nous le secours ailleurs :
dans nos calculs, nos assurances, nos sécurités ?

La foi, c’est ce regard qui se tourne vers le ciel – non pour fuir la terre,
mais pour y puiser la force d’aimer et d’agir autrement.

Nous vivons dans un monde qui doute de tout : on ne fait plus confiance aux institutions,
à la parole donnée, et souvent même à soi-même.

Et si le premier miracle aujourd’hui, c’était d’oser faire confiance à nouveau ?

Charles Péguy écrivait : « Le monde moderne a fait un divorce entre la foi et l’espérance.
Et c’est la petite espérance qui entraîne tout. »

Cette « petite espérance », c’est ce fil invisible qui continue à nous relier à Dieu,
même quand tout semble absurde. C’est elle qui relève nos bras fatigués.

3. La Parole qui façonne

Saint Paul dit à Timothée : « Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, redresser, éduquer dans la justice. »

Nous manquons souvent de force spirituelle parce que nous manquons de Parole. Nous lisons des articles, des avis, des sondages, mais combien de temps passons-nous à écouter Dieu ?

La Parole n’est pas un vieux livre poussiéreux : elle nous lit autant que nous la lisons.
Elle dévoile nos intentions, éclaire nos zones d’ombre, réveille notre courage.

C’est pourquoi Saint Paul ajoute : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps,
encourage toujours avec patience. »

Notre monde n’a pas besoin de chrétiens parfaits, mais de croyants patients, qui persévèrent dans la confiance, même sans succès immédiat.

Le pape Benoît XVI disait : « Celui qui a l’espérance vit différemment ; lui a été donné une vie nouvelle. »  Croire, c’est vivre autrement. Ce n’est pas ignorer les épreuves, mais les traverser avec une lumière au fond du cœur.

4. « Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui »

Dans l’Évangile, Jésus nous parle d’une veuve obstinée face à un juge indifférent.
Elle ne lâche rien. Elle continue de frapper à la porte.

Et Jésus conclut : « Dieu fera justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit. » Mais il ajoute cette question bouleversante : « Le Fils de l’homme, quand il viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Frères et sœurs, c’est une question pour chacun de nous : trouvera-t-il la foi dans mon cœur ?
Pas une foi d’habitude, mais une foi vivante, persévérante, qui espère même contre toute espérance.

Nous avons parfois envie de tout lâcher, de douter, de baisser les bras. Mais la foi, ce n’est pas l’absence de doute. C’est la décision, au cœur même du doute, de continuer à se tourner vers Dieu. Sainte Thérèse de Lisieux, dans la nuit de sa foi, écrivait : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie. Je ne regrette pas de m’être livrée à l’Amour. »

Croire, c’est se livrer à l’Amour, même quand on ne voit pas, même quand le silence de Dieu semble peser.

5. Tenir bon dans la confiance

Alors, frères et sœurs, comment croire aujourd’hui ?
Comment faire confiance dans un monde qui soupçonne tout ?

Peut-être simplement en levant les mains, comme Moïse. En laissant l’espérance nous soutenir. En laissant la Parole nous instruire. En persévérant dans la prière, comme la veuve. Et quand nos bras tomberont, n’ayons pas peur de demander à nos frères de les tenir avec nous.

C’est cela, l’Église : une communauté de croyants qui se soutiennent dans la foi,
pour que le monde ne perde pas confiance.

Ainsi soit-il. Amen   Père Piotr K. WILK

Seigneur,
quand nos mains se fatiguent, relève-les.
Quand nos cœurs doutent, fortifie-les.
Quand nos yeux ne voient plus clair, fais briller ta lumière.

Apprends-nous à croire encore,
à espérer encore,
à aimer encore.

Et qu’à ton retour, Seigneur,
tu trouves sur la terre,
non pas des bras croisés,
mais des mains levées vers Toi.
Amen.

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