Frères et sœurs bien-aimés, Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous donne une réponse concrète à une question universelle : « Qui est mon prochain ? » C’est la question d’un docteur de la Loi, mais c’est aussi la nôtre.
Et Jésus, au lieu de répondre par une théorie ou une définition, nous offre une histoire vivante et bouleversante : celle du Bon Samaritain.Un homme est laissé pour mort sur le bord de la route. Un prêtre passe, puis un lévite. Tous deux, pourtant religieux, passent à distance. Le regard de la compassion leur manque. Peut-être ont-ils leurs raisons : peur, pureté rituelle, emploi du temps pressé… Mais ils ne s’arrêtent pas. Le malheur d’un frère ne les touche pas.
Et voilà qu’un Samaritain — un étranger, méprisé aux yeux des Juifs — s’approche. Il voit. Il est saisi de compassion. Il s’arrête. Il soigne. Il soulage. Il transporte. Il veille. Il agit. « Ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on donne, mais l’amour que l’on met dans ce don. » (Mère Teresa)Jésus conclut simplement : « Va, et toi aussi, fais de même. » Ce n’est pas une option, c’est un appel. Un appel pressant, vital, qui s’adresse à chacun de nous. Être chrétien, ce n’est pas seulement aller à la messe ou prier, c’est surtout vivre la charité en actes, là où la souffrance appelle une présence, une main, une tendresse. Car, comme le disait saint Vincent de Paul : « La charité est inventive à l’infini. »
Paul, dans sa lettre aux Colossiens, nous rappelle que tout est créé par le Christ et pour lui, et que la paix vient de sa Croix. Autrement dit : chaque être humain, même celui qui me dérange ou m’effraie, a été sauvé par le sang du Christ. Il a une dignité éternelle. Et dans le Deutéronome, Moïse nous dit que la Parole est toute proche de nous, dans notre bouche et dans notre cœur. Cela veut dire que la loi de Dieu — l’amour du prochain — n’est pas au-dessus de nos forces. Elle est possible. Accessible. Proche. « Aimer quelqu’un, c’est le voir comme Dieu l’avait conçu. » (Fiodor Dostoïevski)
Frères et sœurs, il ne s’agit pas seulement de ne pas faire le mal. Il s’agit de faire le bien, librement, généreusement. D’ouvrir les yeux. D’écouter les cris. De répondre. De devenir, à notre tour, des samaritains de l’Évangile, sur les routes cabossées de nos existences. « La vraie grandeur de l’homme ne se mesure pas à sa richesse matérielle, mais à sa capacité à servir les autres. » (Martin Luther King Jr.) Dans ce monde saturé d’indifférence, de vitesse, de peur et d’égoïsme, chaque geste d’humanité, de bonté, de secours, de compassion, devient révolutionnaire. Il annonce un autre royaume. Il incarne le Christ lui-même. « Être homme, c’est précisément être responsable. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. » (Antoine de Saint-Exupéry)
Demandons aujourd’hui au Seigneur, chacun dans notre cœur, cette grâce simple mais puissante : « Donne-moi un cœur qui voit, un cœur qui aime, un cœur qui agit. »Et souvenons-nous : chaque jour nous offre une route, un blessé, une occasion. La question n’est pas « qui est mon prochain ? » mais « de qui vais-je me faire le prochain aujourd’hui ? ». Amen
Petit conte – Le vieux puits et l’enfant
Dans un village oublié, au sommet d’une colline aride, se trouvait un vieux puits. Personne ne venait plus y puiser de l’eau, car une source plus moderne avait été installée en bas de la vallée. Le puits était abandonné, seul, sec. Un jour, un enfant vint jouer près du puits. Il entendit une voix faible sortir de la pierre : — « Pourquoi es-tu venu ici ? Je n’ai plus rien à donner. »L’enfant s’agenouilla, regarda dans le puits vide et dit : — « Peut-être que je peux t’aider, moi. »Chaque jour, il remontait un seau d’eau de la source, et le versait dans le vieux puits. Les gens riaient de lui : — « Quelle folie ! Il gaspille son temps ! »Mais l’enfant continuait, inlassablement. Une semaine passa. Puis deux. Puis un mois. Un matin, une surprise : le vieux puits murmura à nouveau… puis rejaillit d’eau fraîche. Un filon ancien, enfoui, s’était réveillé.Les villageois revinrent alors puiser au puits de la colline. On demanda à l’enfant : — « Pourquoi as-tu fait cela ? »Il répondit : — « Je ne savais pas si ça allait marcher. Mais je ne voulais pas que quelque chose meure juste parce qu’on l’a oublié. »
Morale :Un petit acte de bonté, persévérant, peut ranimer ce qui semblait perdu à jamais. L’amour que l’on donne sans compter peut réveiller des sources insoupçonnées — dans les autres, comme en nous.
Homélie – 15e dimanche du temps ordinaire – Année C Père Piotr K. WILK