Pour la Toussaint, homélie

31 octobre 2025 | Homélies du Père Piotr

« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5,12)

La Toussaint : Holy Win, pas Halloween

au cœur de l’automne, alors que la nature se dénude, l’Église nous invite à lever les yeux vers une grande lumière : la Toussaint.
C’est la fête de la vie, la fête du ciel qui s’ouvre sur la terre.

En ce jour, nous n’honorons pas seulement quelques figures extraordinaires :
nous célébrons tous les saints et saintes, connus ou inconnus, ceux qui ont aimé en silence, pardonné dans l’ombre, espéré contre toute espérance.
Ils ne sont pas d’abord des statues ou des vitraux : ils sont le sourire de Dieu sur la terre.

Et si l’on veut jouer sur les mots, disons-le avec un clin d’œil :
aujourd’hui, Holy Win — la sainteté gagne ! Pas Halloween, la peur et la mort,
mais Holy Win, la victoire de l’amour, la lumière plus forte que la nuit.

Les Béatitudes : un chemin de bonheur vrai

L’Évangile que nous venons d’entendre — les Béatitudes — n’est pas une liste de conseils moraux. C’est le portrait du Christ lui-même. En Jésus, nous voyons ce que veut dire être « bienheureux » : pauvre de cœur, doux, miséricordieux, artisan de paix,
fils du Père et frère de tous.

Les Béatitudes, c’est le cœur battant du christianisme.
Elles ne promettent pas un bonheur facile, mais un bonheur vrai.
Celui qu’on découvre quand on aime sans retour, quand on pardonne sans calcul,
quand on continue à espérer alors que tout semble perdu.

Chaque saint a incarné une béatitude. François d’Assise : la joie dans la pauvreté.
Thérèse de Lisieux : la confiance au cœur de la fragilité.
Jean-Paul II : la force du pardon et la tendresse du courage.
Mère Teresa : la miséricorde qui se fait visage.
Et chacun de nous est appelé à écrire, dans le livre de sa vie, sa propre béatitude.

La sainteté n’est pas réservée à quelques héros. Elle se vit dans les maisons, les ateliers, les hôpitaux, les écoles, dans les routes qu’on parcourt, dans les gestes qu’on offre.
Elle se vit chaque fois que quelqu’un choisit d’aimer.

Être saint, c’est laisser Dieu aimer le monde à travers nous. C’est consentir à être transparence de sa lumière.

Les saints de nos villages : une géographie du ciel.

En France, la sainteté a laissé des traces jusque dans nos cartes routières. Il suffit de parcourir le pays pour s’en émerveiller :
nos villes et villages portent les noms des amis de Dieu. Voici le top 5 des saints les plus présents dans les toponymes français :

  • Saint Martin — plus de 220 communes !
    L’évêque de Tours, soldat devenu frère des pauvres,
    partageant son manteau avec un mendiant transi de froid.
  • Saint Pierre, le roc de la foi,
    celui qui tombe et se relève, qui pleure et qui aime.
  • Saint Jean, le disciple bien-aimé,
    qui a posé sa tête sur le cœur du Christ et a su dire : « Dieu est Amour. »
  • Saint Laurent, le diacre joyeux,
    brûlant d’amour pour les pauvres autant que sur le gril de son martyre.
  • Sainte Marie, la Mère,
    présente sous tant de noms : Notre-Dame, Sainte-Marie, Marie-Madeleine…
    Elle enveloppe le pays de son manteau de tendresse.

Chaque nom de lieu est un signe :
comme si le ciel avait planté des bornes de lumière sur nos routes.
Nos villages, nos églises, nos montagnes rappellent que la sainteté
n’est pas une légende ancienne — elle est notre héritage, notre appel.

Quelques éclats de sagesse

  • « Les saints sont les véritables étoiles de Dieu, par lesquelles il guide notre route. » – Benoît XVI
  • « Il n’y a qu’un seul malheur, celui de ne pas être un saint. » – Charles Péguy
  • « Le bonheur n’est pas d’être riche ou puissant, mais de savoir aimer. » – St Jean-Paul II

Et Victor Hugo, poète des âmes courageuses, écrivait : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. »
Oui, les saints sont des vivants : ceux qui ont lutté pour aimer jusqu’au bout.

Conclusion : la vocation du bonheur

Frères et sœurs,
la Toussaint n’est pas une fête pour les anges, mais pour les vivants.
Elle nous dit que le bonheur n’est pas un rêve inaccessible :
il est à portée de cœur.
Les Béatitudes nous tracent le chemin, et les saints nous montrent qu’il est possible.

Alors aujourd’hui, demandons au Seigneur de raviver en nous le goût de la sainteté,
le goût de la bonté, le goût de la lumière.
Et marchons, confiants, vers Celui qui fait de nos vies ordinaires
des chemins de gloire. Ainsi-soit-il.

Piotr Wilk

Prière finale — « Les saints nous entraînent »

Seigneur,
aujourd’hui, une foule immense nous entoure.
Ce sont nos frères et sœurs du ciel,
les discrets et les lumineux,
les mères courageuses, les pères fidèles,
les jeunes qui ont cru à l’amour,
les anciens qui ont gardé la foi.

Apprends-nous à marcher à leur suite,
à vivre les Béatitudes dans le quotidien :
la pauvreté du cœur, la douceur face à la violence,
la justice dans les gestes simples,
la paix dans les paroles et dans les mains.

Que notre vie soit un chant d’espérance,
un poème d’amour offert au monde.
Et qu’un jour, nous aussi, nous soyons trouvés dignes
d’entrer dans la joie de ton Royaume,
avec tous les saints.  Amen.

Poème — Les Béatitudes de nos jours

Heureux ceux qui se lèvent encore,
même quand le monde s’endort,
et qui croient qu’un geste de paix
peut désarmer la nuit.

Heureux ceux qui pleurent sans haine,
qui portent les blessures des autres
comme des lampes fragiles dans leurs mains.

Heureux ceux qui pardonnent
sans qu’on leur demande pardon,
et qui choisissent d’aimer plus fort que la rancune.

Heureux ceux qui s’inclinent
pour relever un frère,
qui lavent les pieds du monde sans bruit, sans gloire.

Heureux ceux qui sèment
un mot de bonté,
une graine de confiance sur le sol aride des cœurs.

Heureux ceux qui espèrent
contre toute espérance,
qui tiennent la lampe allumée dans le vent du soir.

Heureux ceux qui vivent simplement,
qui rient souvent,
qui prient sans beaucoup de mots,
mais avec tout leur cœur.

Heureux ceux-là,
car Dieu les reconnaîtra

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