Vagney et Saint-Amé : Deux villages français tissant la foi avec la nature et portant un message de solidarité avec les chrétiens d’Orient

article signé par Sanad Sahelia / Nabd El-Haya
En France, au cœur de la région Grand Est, s’étend paisiblement le département des Vosges. Bien plus qu’un paysage de carte postale, c’est une terre imprégnée de spiritualité, où le murmure des forêts se mêle au son des cloches, et où les petits villages vivent au rythme d’une méditation continue.
Un cœur français battant de foi
Le département tire son nom de la chaîne des Vosges qui lui donne son relief et son identité. Créé durant la Révolution française en 1790, il abrite des villes et des bourgs marqués par une histoire humaine et religieuse encore vivante. Sa préfecture, Épinal, est connue, mais c’est surtout Domrémy – village natal de sainte Jeanne d’Arc – qui incarne son rayonnement spirituel et historique.
Ici, l’histoire ne se limite pas aux musées ; elle se lit dans les pierres, les sentiers, les monastères anciens, et les villages restés fidèles à une vie simple face aux mutations du monde moderne.
Vagney et Saint-Amé : la vie dans les choses simples
Dans le sud-ouest vosgien, deux villages paisibles – Vagney et Saint-Amé – se trouvent à quelques minutes l’un de l’autre. Entre eux, des routes de campagne sinueuses traversent des collines boisées, baignant dans le silence apaisant du terroir français.
Petite mais dynamique, la commune de Vagney abrite une église paroissiale encore très active. Les messes y sont célébrées régulièrement, rassemblant fidèles de tous âges malgré les défis démographiques et économiques. Le village est aussi un point de départ pour découvrir des merveilles naturelles comme les cascades du Saut du Bouchot, lieu de sérénité et de contemplation.
Saint-Amé, quant à lui, possède un héritage spirituel particulier. Son nom vient de saint Amé, moine du VIIe siècle, célèbre pour sa piété et sa vie d’ermite. Il fut, aux côtés de saint Romaric – fondateur de l’abbaye de Remiremont – l’un des pionniers de la vie monastique dans ces montagnes. Chaque 13 septembre, un pèlerinage local réunit les fidèles autour de l’église pour honorer le saint patron.
Un pont entre la France rurale et l’Orient chrétien
Malgré leur petite taille, Vagney et Saint-Amé participent aujourd’hui à une aventure qui dépasse les frontières. Un récent accord de jumelage a uni ces deux paroisses françaises à la paroisse du Christ Rédempteur à Taybeh – dernier village entièrement chrétien en Palestine.
Cette initiative a vu le jour grâce au père Bashar Fawadleh, curé de Taybeh, lors de sa visite en France. Dans un discours bouleversant, il a témoigné de la résilience des chrétiens de Terre Sainte, appelant à de nouvelles formes de solidarité spirituelle et humaine entre l’Orient et l’Occident.
»Nous ne demandons pas de la pitié, mais un partenariat, un compagnonage dans la foi et l’amitié», a-t-il déclaré, concluant son intervention sous des applaudissements nourris, empreints d’émotion.
Les responsables des trois paroisses espèrent que ce jumelage donnera lieu à des échanges de visites, des temps de prière en commun, et à des projets conjoints pour soutenir les écoles et les jeunes en Terre Sainte – notamment face à l’aggravation des crises régionales.
Un monde rural vivant malgré les défis
Comme de nombreuses communes rurales européennes, Vagney et Saint-Amé font face à des réalités difficiles : l’exode des jeunes vers les villes, le manque de prêtres, et le vieillissement de la population. Pourtant, leurs communautés restent animées d’un souffle de vie.
Grâce à une volonté collective, les habitants s’efforcent de maintenir une pastorale vivante et dynamique. Les églises restent ouvertes, des événements spirituels et culturels sont organisés, et des initiatives émergent, portées par une foi enracinée et un désir partagé de garder l’Église au cœur du village.
Parmi ces initiatives, on note des programmes d’accueil de pèlerins dans le cadre du « vivre spirituel rural », qui offrent une immersion dans un mode de vie simple, rythmée par la prière, la nature et la vie communautaire. Le développement de l’écotourisme figure aussi parmi les projets, avec la mise en valeur des sentiers de randonnée et des monastères historiques nichés dans les collines vosgiennes.
Le jumelage avec une paroisse palestinienne donne une dimension internationale à ces efforts : ces petites communautés veulent contribuer à la sauvegarde du christianisme dans son berceau, à travers l’échange de prières, de savoir-faire et d’aides concrètes.
Redécouvrir le tourisme contemplatif
L’un des axes majeurs développés par l’Église locale à Vagney et Saint-Amé est le concept de « tourisme contemplatif » ou « pèlerinage intérieur ». Les citadins y trouvent une opportunité précieuse de renouer avec eux-mêmes, avec la nature, et avec Dieu.
Loin du tumulte quotidien, les visiteurs empruntent les sentiers forestiers silencieux, participent à des messes sobres, ou simplement écoutent le langage discret de la nature qui parle à l’âme. Dans cette rare alliance entre simplicité et foi, ces villages deviennent plus que des étapes : ils deviennent des refuges.
Une histoire discrète qui touche au cœur
Les histoires les plus profondes ne naissent pas toujours dans les grandes villes. À Vagney et Saint-Amé, le récit s’écrit dans le silence… mais il va droit au cœur. Ici, on croit encore que la foi n’est pas un simple rite, mais un mode de vie. Et que la solidarité n’est pas qu’un mot, mais un lien authentique – celui qui unit un humble village français à une ville sacrée perchée sur une colline de Palestine.
Entre les arbres des Vosges et les cloches de Taybeh, il existe un souffle commun… profondément humain, malgré les distances.